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EDITO Pascal Chanteur
Je suis heureux d’aborder, dans ce deuxième numéro de la Newsletter UNCP, un sujet qui nous saute aux yeux depuis quelques années. Quand auparavant plusieurs saisons étaient nécessaires pour faire d’un coureur professionnel un athlète mature, aujourd’hui dès la sortie des juniors, ils le sont. A 18 ou 19 ans, ils sont compétitifs au plus haut niveau mondial mais il n’y a rien de surprenant. C’est un phénomène de génération et de formation.
Aujourd’hui notre société va de plus en plus vite. Les gamins sont sur les ordinateurs à 6-7 ans, ils savent manier des téléphones à 3 ans.
Dans ce contexte, le phénomène de prise d’information entre en ligne de compte dès le plus jeune âge. Dans le cyclisme, ils savent accéder aux techniques mises à disposition des sportifs, dès les premières catégories, chez les minimes ou cadets. A cet âge-là, ils sont aussi poussés par leurs parents qui espèrent voir évoluer la perle rare, ou simplement les voir atteindre leur rêve.
A mon époque, nos parents ne nous imaginaient pas en Remco Evenepoel. Moi, j’ai commencé à penser passer pro à l’armée, au Bataillon de Joinville. J’avais 19 ans et je courais en première catégorie. Ma formation, c’était le poster de Bernard Hinault dans ma chambre, avec les chaussures Patrick et les pédales Look.
Tout ça pour dire qu’aujourd’hui, leurs parents dépensent des sommes folles dans le matériel, dans l’humain et des entraîneurs leur parlent de watts et d’intensité. Nous, on s’entraînait seulement avec nos propres sensations. Aujourd’hui ils le font aussi mais avec leur capteur de puissance.
Ces jeunes connaissent les règles des coureurs pros, ils ont accès aux plates formes, aux réseaux, aux tuttos. Ils voient le Pro peser son alimentation, ils parlent de diététique. Quand l’UNCP réunit les néo-pros en fin de saison – la prochaine session est programmée à Paris en novembre- je constate qu’ils sont passionnés mais parlent surtout de watts et d’alimentation.
Nous, à leur âge, on parlait de filles, de bagnoles et de notre prochaine course. Eux ne parlent pas d’argent, ils ont un agent et d’ailleurs ils sont surpris d’apprendre que Bruno Armirail n’en ait pas et négocie seul son contrat.
A 18-19 ans, ils arrivent compétents, ils savent s’entraîner, ils maitrisent la technologie et dans le contexte pro, ils utilisent leurs compétences en terrain conquis. Ils s’amusent mais leur jeu est sérieux. Finalement, leur seule lacune pourrait être un manque d’expérience sur la tactique à adopter lors des courses. En attendant, je pense que le cyclisme français a de belles heures devant lui !