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Brice Feillu : « Si je devais donner un conseil aux jeunes coureurs… »
C’était le 10 juillet 2009, il n’avait pas encore 24 ans. Au terme d’une longue échappée, le longiligne Brice Feillu s’est extirpé d’un tunnel, le dernier de la montée finale, pour signer un exploit. Pour devancer sur la ligne d’arrivée l’Alsacien Christophe Kern (Cofidis) et l’Allemand Johannes Fröhlinger (Team Milram) et s’imposer dans la septième étape du Tour de France au sommet de la station andorrane d’Arcalis. Ce sera l’unique succès dans une carrière longue de dix ans. Mais quel succès ! Brice a mis un terme a sa carrière fin 2019 pour ne plus quitter sa terre du Var, pour s’occuper de sa femme Maud, spécialiste en drainage lymphatique, et de leurs deux filles. Pour donner un nouveau sens à sa vie en devenant agent commercial immobilier.
Brice, a quel moment as-tu pensé à ta reconversion ?
En tant que coureur j’essayais de rester dans ma bulle mais cela n’était pas forcément évident. A la maison je bricolais, peut-être un peu trop. Je faisais sans doute un peu trop de choses et si ça me faisait du bien à la tête, je savais qu’indirectement, pour mon métier, ce n’était pas formidable. C’est vrai, que j’ai pensé assez tôt à ma reconversion et ce n’était pas forcément bon parce que je n’étais pas concentré à 100% sur le vélo. Bien sûr, il y avait l’entraînement et la compétition mais être coureur pro, c’est l’être de A à Z, focus sur l’alimentation, sur la récupération…
C’est un regret ?
Beaucoup de choses m’intéressaient, même pendant ma carrière. Le meilleur conseil que je pourrais donner aujourd’hui aux jeunes coureurs c’est que tu as beaucoup plus à gagner à te concentrer absolument sur ton métier. Il est courant d’entendre qu’il faut investir pendant sa carrière mais non, il est préférable de mettre l’argent au chaud. De ne pas construite une maison comme moi je l’ai fait ici dans le Var en bousillant une année, voire deux, de ma carrière parce qu’il y avait les tracas liés à la construction, aux frais supplémentaires que cela engendre. Ca fait cogiter, t’es moins performant sur le vélo. Tu pars à l’entraînement, tu n’as qu’une envie c’est de rentrer pour voir le chantier. En fait, ça te bouffe, tu ne soignes pas les détails et pourtant chaque détail compte. Mis bout à bout, les détails font la différence. Je ne le regrette pas. C’était mon parcours.
Tu avais une formation professionnelle avant de passer pro ?
Non mais j’étais passionné par le travail du bois. Après ma carrière, je me suis lancé dans la construction de mobil homes sur site. Tu rases un ancien mobil home, tu en construis un nouveau en conservant le châssis existant. Ca marchait bien mais certaines mairies mettaient le grappin dessus. A la fin de ma carrière, je m’étais demandé ce que j’allais faire. Après 2020, l’année Covid, je me suis concentré sur ce métier dans l’immobilier. J’ai suivi une formation générale et notamment grâce à l’aide financière de l’UNCP qui m’avait déjà bien aidé après l’arrêt de l’équipe Saur-Sojasun fin 2013 et avant que je ne rejoigne le Team Bretagne-Séché Environnement.
Ton expérience de la compétition te sert-elle aujourd’hui ?
Dans ce métier de l’immobilier, la concurrence est rude et tu peux rapidement perdre un mandat. Pour réussir dans le cyclisme, il faut être fort mais il faut être malin aussi. Aujourd’hui, je m’en sers. C’est un milieu où il ne faut pas être gentil ou bien tu es vite bouffé, comme dans le vélo. Le cyclisme est une bonne école de la vie. C’est formateur dans tous les domaines. Aujourd’hui, je suis donc agent commercial immobilier. Je suis à mon compte mais lié à l’agence Les Mimosas à Fréjus. Mon souhait est d’évoluer, pourquoi pas de monter ma propre affaire dans un avenir proche. J’ai commencé il y a quatre ans. J’ai grandi, j’ai un peu plus de poids au sein de l’agence mais j’ai compris devoir prendre mon temps pour être prêt à franchir le pas.
Tu feras ça toute ta vie ?
Je ne sais pas trop. L’immobilier c’est chouette. Je peux vivre de très belles journées, d’autres moins bonnes avec des clients ne respectant pas leur engagement. Des fois, ce n’est pas simple. Après, c’est vrai je sais faire d’autres choses. Il me faut un échappatoire. Le vélo l’est encore un peu. Je continue de pratiquer comme j’aime grimper dans mes arbres pour élaguer.
Il est de quelle marque ton vélo ?
Il est de la marque ADRIS, l’ancien partenaire de l’équipe de Nantes chère à Anthony Ravard. Le vélo, c’est mon monde. Je travaille dans le Tour quasi chaque année pendant deux semaines pour la marque Leclerc et j’ai le plaisir de conduire des invités. Ici, j’ai monté un club cycliste, début 2025, le TECA (Team Esterel-Côte d’Azur) avec des copains parce que dans le Var il n’y avait pas grand chose, le club de Mandelieu était le seul à tenir la route pour des jeunes. On a trouvé des partenaires assez facilement pour un budget suffisant. Le club tient la route. Le siège est à Roquebrune-sur-Argens, nous en sommes à 50 adhérents, nous serons près de 70 en 2026. Je n’ai pas encore la pépite mais on a des petits gars qui vont bien et l’équipe dirigeante tient la route. Tout va bien !