UNCP UNCP
L'UNCP est le syndicat professionnel des coureurs cyclistes français.
Syndicat de service et de dialogue constructif.
Créé il y a plus de 60 ans, il a pour vocation la représentation des coureurs et la défense de leurs intérêts collectifs et individuels.
contact@uncp.net . Comité Directeur . UNCP 161 Chemin du Buisson – 38110 DOLOMIEU
  • Route Pro Championnats de France Cassel 2023 - Photo Bruno Bade
  • Route Pro Photo Bruno Bade
  • Route d’Occitanie 2020 Photo Bruno Bade
  • Tro Bro Leon 2019 Photo Bruno Bade
  • Paris Camembert 2020 Photo Bruno Bade
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Le billet de Marc FAYET : Daniel Mangeas : MICROSCOPIE 

Il y a quelques jours l'association « Des vélos et des hommes » honorait Daniel Mangeas. J'ai rédigé pour lui ce texte en guise d'hommage. Je pensais que ce serviteur du cyclisme depuis plus de quarante ans méritait qu'on l'honore. C'est cette composition que je voulais vous faire partager car nous lui devons tous beaucoup.

« Pour lui il n'y a pas d'inconnus, il n'y a que des illustres. Il n'y a pas que le tour de France il y a des milliers de rendez-vous. Il n'y a pas que le vainqueur, il y a des centaines de héros. Il n'y a pas que Paris, il y a Saint Martin de Landelles.

L'homme que nous honorons ce soir est le seul à pouvoir réconcilier ceux d'en haut et ceux d'en bas, les gens de peu et les gens repus. Les genres « comme il faut » et les « comme on peut ». Véritable rassembleur oral, il a toujours les mots justes, les formules adéquates, les compliments assortis qui lui permettent de faire d'un Bourg, une capitale, d'un village, une métropole, d'un lieu-dit, le centre du monde. Il faut le voir sur des estrades branlantes, fouetté par des tempêtes de pluies et de vent, commenter le combat d'une poignée de forçats locaux venus se disputer un panier garni et une coupe en plastique. L'ardeur qu'il mettra à faire vivre le très humble événement sera la même exactement que celle qui lui permet, bien au chaud dans des cabines climatisées, de glorifier les champions millionnaires sur les plus grandes courses du monde.

Il n'y a pas d'échelle de valeur chez cet homme qui admire tous ceux qui ont un vélo entre les jambes et qui aime tous ceux qui les vénèrent. Comme pour rechercher une légitimité auprès de ce milieu qu'il magnifie depuis toujours, il voue un culte démesuré à celui qui porte au plus haut les couleurs de son extraction modeste. Cet homme s'appelle Mangeas comme lui, Roland de son prénom et sa carrière, très confidentielle pour nous tous, représente à ses yeux un parcours exceptionnel. Demandez-lui seulement le classement de Manche Océan 1958 et il vous répondra, preuve à l'appui, en ouvrant son classeur où une vieille coupure de journal l'atteste : Charly Gaul 7ème, Gérard Saint 8ème, Roger Rivière 9ème et… Roland Mangeas 10ème… de sa voix tout à coup tremblante, les yeux humides il démontrera par cette confidence que cette dixième place de son grand cousin équivaut à la plus glorieuse des distinctions. C'est comme si cette proximité par procuration avait le pouvoir de rendre tangible la réalité de son existence dans ce monde rayonnant, comme s'il recherchait cet assentiment de crainte de passer pour un imposteur. Il n'en est pourtant rien et ses quarante années de carrière en sont la preuve. D'ailleurs Il ne sait pas à quel point beaucoup de coureurs le côtoyant depuis toujours et qui le fréquentèrent sur les podiums du temps de leur splendeur, admirent aujourd'hui l'incroyable énergie et la remarquable longévité de cet homme de la manche. Sais-t-il seulement qu'ils le regardent désormais comme un champion ?

De tous temps le cyclisme a généré des phénomènes que la nature avait formidablement bien dotés. S'ils avaient tout dès leur naissance, il leur manquait l'essentiel, un vélo. Pour Daniel c'est la même chose, il ne lui manquait qu'un micro. Cela tient à peu de choses le destin ! Imaginons le contraire une seconde : Si Bernard Hinault avait eu le micro, il se serait fâché avec tout le monde. Si Daniel avait eu le vélo, il aurait laissé gagner tous les autres. La chance aidée du hasard ont su tout mettre dans l'ordre. Ce soir ce sont des vélos et ce sont surtout des hommes qui honorent ce grand serviteur du cyclisme, celui qui a su entretenir la flamme sous les tempêtes, l'enthousiasme sous les quolibets et l'espoir sous les sifflets. Si la beauté de notre sport est toujours intacte, c'est grâce à son regard, si sa grandeur demeure c'est grâce à ses superlatifs, si on en reste accros, c'est grâce à son micro ».

Marc Fayet 
Décembre 2014

Le billet de Marc FAYET : Daniel Mangeas : MICROSCOPIE 

Il y a quelques jours l'association « Des vélos et des hommes » honorait Daniel Mangeas. J'ai rédigé pour lui ce texte en guise d'hommage. Je pensais que ce serviteur du cyclisme depuis plus de quarante ans méritait qu'on l'honore. C'est cette composition que je voulais vous faire partager car nous lui devons tous beaucoup.

« Pour lui il n'y a pas d'inconnus, il n'y a que des illustres. Il n'y a pas que le tour de France il y a des milliers de rendez-vous. Il n'y a pas que le vainqueur, il y a des centaines de héros. Il n'y a pas que Paris, il y a Saint Martin de Landelles.

L'homme que nous honorons ce soir est le seul à pouvoir réconcilier ceux d'en haut et ceux d'en bas, les gens de peu et les gens repus. Les genres « comme il faut » et les « comme on peut ». Véritable rassembleur oral, il a toujours les mots justes, les formules adéquates, les compliments assortis qui lui permettent de faire d'un Bourg, une capitale, d'un village, une métropole, d'un lieu-dit, le centre du monde. Il faut le voir sur des estrades branlantes, fouetté par des tempêtes de pluies et de vent, commenter le combat d'une poignée de forçats locaux venus se disputer un panier garni et une coupe en plastique. L'ardeur qu'il mettra à faire vivre le très humble événement sera la même exactement que celle qui lui permet, bien au chaud dans des cabines climatisées, de glorifier les champions millionnaires sur les plus grandes courses du monde.

Il n'y a pas d'échelle de valeur chez cet homme qui admire tous ceux qui ont un vélo entre les jambes et qui aime tous ceux qui les vénèrent. Comme pour rechercher une légitimité auprès de ce milieu qu'il magnifie depuis toujours, il voue un culte démesuré à celui qui porte au plus haut les couleurs de son extraction modeste. Cet homme s'appelle Mangeas comme lui, Roland de son prénom et sa carrière, très confidentielle pour nous tous, représente à ses yeux un parcours exceptionnel. Demandez-lui seulement le classement de Manche Océan 1958 et il vous répondra, preuve à l'appui, en ouvrant son classeur où une vieille coupure de journal l'atteste : Charly Gaul 7ème, Gérard Saint 8ème, Roger Rivière 9ème et… Roland Mangeas 10ème… de sa voix tout à coup tremblante, les yeux humides il démontrera par cette confidence que cette dixième place de son grand cousin équivaut à la plus glorieuse des distinctions. C'est comme si cette proximité par procuration avait le pouvoir de rendre tangible la réalité de son existence dans ce monde rayonnant, comme s'il recherchait cet assentiment de crainte de passer pour un imposteur. Il n'en est pourtant rien et ses quarante années de carrière en sont la preuve. D'ailleurs Il ne sait pas à quel point beaucoup de coureurs le côtoyant depuis toujours et qui le fréquentèrent sur les podiums du temps de leur splendeur, admirent aujourd'hui l'incroyable énergie et la remarquable longévité de cet homme de la manche. Sais-t-il seulement qu'ils le regardent désormais comme un champion ?

De tous temps le cyclisme a généré des phénomènes que la nature avait formidablement bien dotés. S'ils avaient tout dès leur naissance, il leur manquait l'essentiel, un vélo. Pour Daniel c'est la même chose, il ne lui manquait qu'un micro. Cela tient à peu de choses le destin ! Imaginons le contraire une seconde : Si Bernard Hinault avait eu le micro, il se serait fâché avec tout le monde. Si Daniel avait eu le vélo, il aurait laissé gagner tous les autres. La chance aidée du hasard ont su tout mettre dans l'ordre. Ce soir ce sont des vélos et ce sont surtout des hommes qui honorent ce grand serviteur du cyclisme, celui qui a su entretenir la flamme sous les tempêtes, l'enthousiasme sous les quolibets et l'espoir sous les sifflets. Si la beauté de notre sport est toujours intacte, c'est grâce à son regard, si sa grandeur demeure c'est grâce à ses superlatifs, si on en reste accros, c'est grâce à son micro ».

Marc Fayet 
Décembre 2014