- Pascal Chanteur et Jean-Claude Cucherat - pour le 9ème année des formations Néo pros de l'UNCP
- Christophe Manin Directeur Technique National FFC, la formation Néo pro de l'UNCP et l'écosystème des coureurs pros1:16
- Alain Clouet, Administrateur de la Ligue Nationale de Cyclisme0:46
- Rémi Capron (Van Rysel Roubaix) et Rémi Lelandais (Arkea BB Hôtels)0:38
- Jean-Lou Fayolle (Arkea BB Hôtels)0:26
- Témoignage Anthony Geslin - ancien coureur cycliste professionnel0:45
- Maxime Decomble (Équipe continentale Groupama-FDJ) - Melvin Crommelinck (Nice Métropole Côte d'Azur)1:01
- Clément Braz Afonso (CIC U Nantes Atlantique) - Nicolas Breuillard (Saint Michel-Mavic-Auber 93)1:37
Louis Caput, bon pour le service
Avant de devenir un brillant directeur sportif, il avait bâti un palmarès enviable chez les pros. C’était au temps des Coppi et consorts. Portrait de Louis Caput, l’ancien sprinter parisien…
Raconter Louis Caput, c’est évidemment raconter le cyclisme de Paris, quand Paris était capitale du monde. On veut dire : un centre nerveux, rebelle, d’une puissante créativité intellectuelle. Le Paris de Gide, Claudel, Mauriac, Sartre et Camus ; celui où Pablo Picasso continuait d’inventer chaque matin. Bref, quelque chose qui ressemblait à l’élan des années folles, mais qui fleuraient les années cinquante — période magique, ô combien, dans l’histoire des classiques et des Tours … D’un côté, en effet, on trouvait les Italiens, avec Coppi, Bartali et un terrible coureur, Fiorenzo Magni, lequel tentait d’effacer ses dérives fascistes… Puis, côté suisse, un autre terrible, Ferdi Kubler, et un mystérieux phénomène, Hugo Koblet, futur lauréat du Tour de France 1951. Sans compter plusieurs vedettes encore, dont le solide Rik Van Steenbergen et le Français Louison Bobet que Louis Caput, justement, avait été l’un des premiers à repérer. Car c’est un don que les spécialistes lui reconnaissaient : le coup d’œil ! Une sorte d’instinct lui faisant immédiatement sentir qui serait un super, qui ne le serait pas… Aussi, devant sa glace, s’examinait-il franchement, pesant ses qualités, jugeant ses défauts… Son verdict ? Bon pour le service !
Oui, il tenait la route celui que tout le monde surnommait « P’tit Louis ». Un malentendu, précisons-le, puisqu’il mesurait 1 mètre 72, taille on ne peut plus respectable pour un garçon né en 1921. Ajoutez une tension artérielle de 14,8 et un rythme cardiaque de 48 pulsations par minutes : des indices confirmant que l’on regardait un authentique athlète. D’ailleurs, ne devait-il pas répondre un jour, à Louis Rostollan qui le taquinait : « Mon con ! Avec des coureurs comme toi, j’aurai pu courir jusqu’à cent piges… »[1] Le fait est qu’il courut longtemps : de 1942 à 1957 chez les professionnels, puis de nouveau en 1981, pour décrocher le titre mondial des vétérans ! Parce que Louis Caput, hein ? c’était un mec ! Un titi parisien à la gouaille impayable, s’honorant d’aimer le cyclisme comme peu de champions l’ont aimé. L’erreur serait pourtant de croire qu’il lui sacrifiait tout, à l’exemple d’un Coppi ou d’un Bobet… Non, Caput, lui, ne sacrifiait pas tout. Mais ce qu’il donnait, il le donnait sans tricher, ajoutant une pensée pour un copain et un bon mot pour le public. Ainsi devint-il, de manière très naturelle, une figure populaire souvent associée à Robert Chapatte dans les vélodromes. Certains livres ont conté leurs frasques : la preuve qu’ils ne manquaient ni de sang, ni d’esprit ! Ce fut au point qu’en 1948, Louis Caput écopa d’une suspension pour avoir trop vertement enguirlandé un dirigeant fédéral. Une broutille, en somme, mais qui le priva d’une sélection pour le championnat du monde disputé à Valkenburg, sur un circuit à sa convenance. Y aurait-il créé la surprise ? Peut-être. Il avait des jambes de feu.
On l’a dit : athlétiquement, il tenait la route, ayant commencé à gagner ses premières courses de village à seize ans. Puis il s’était mis au cyclo-cross, avant de s’essayer sur les pistes. En d’autres termes, une formation complète, dont il retira agilité et résistance. Sans parler de sa pointe de vitesse, manifestement liée à son tempérament de vif-argent. N’avait-il pas remporté et le Grand Prix de L’Humanité, et Paris-Ézy, et Paris-Corbeil en 1939 ? Et Paris-Alençon, le Tour de Paris, le Prix du Seine et Marnais, le Prix de la France socialiste deux saisons plus tard… En vertu de quoi, déclaré « meilleur amateur de l’année » en décembre 1941, il décida de franchir le rubicon, trouvant une forme de contrat chez Dilecta, fabricant de cycles berrichon. Bien sûr, un contrat modeste, à l’image des armées françaises du moment ! Mais un contrat quand même, qu’il honora la faim au ventre, raflant des victoires à Auray, Visé, Liège, ainsi que dans une étape au Circuit de France et au Circuit du Midi en 1942. Puis il persévéra : trois nouvelles victoires en 1943, le Prix Goullet-Fogler, avec Émile Ignat, en 1944, Paris-Alençon et le Grand Prix de Dinard l’année suivante. À la Libération, comme tous ceux de sa génération, Louis Caput piaffait d’impatience…
Il signa en 1946 pour Métropole, équipe pléthorique où se pressaient, sous un joli maillot vert et jaune, Éloi Tassin et Louis Thiétard, deux grognards, les frères Géminiani, Angelo et Raphaël, André Mahé, Pierre Cogan, le Belge Stan Ockers, le grimpeur Pierre Brambilla. Des ambitieux, à l’évidence, dont Louis Caput prit la mesure en s’imposant dans les Boucles de la Seine, Armagnac-Paris (avec Tassin), Paris-Reims et dans le championnat de France calculé aux points. Ce qui revient à écrire que le Parisien s’offrait le luxe, en 1946, de faire jouer La Marseillaise… Un symbole particulièrement bienvenu à l’heure où le cyclisme entier basculait sous le joug italien.
Il y aurait d’autres beaux jours, et d’autres vivats. Pour le meilleur, nous soulignerons que Louis Caput disputa le Tour de France à neuf reprises, y gagnant deux étapes, à San Sebastian en 1949 et à Narbonne, en 1955. De même, il accrocha sur ses tablettes des rendez-vous réputés, le Grand Prix de Montluçon 1947, Paris-Limoges 1948, le Grand Prix de L’Écho d’Oran 1949, le Tour des Pays Basques 1952, le Tour de Picardie 1953, Paris-Limoges une seconde fois en 1955, le Tour de l’Oise 1956, des étapes ici ou là. Mais rien ne valait, à ses yeux, son succès dans Paris-Tours 1948, scellé à la moyenne record de 43,096 kilomètres/heure. D’abord, il l’avait construit de longue main, ayant mené une échappée collective pour surprendre Brick Schotte, le favori. Puis, tout rapide qu’il fût, il avait anticipé le sprint, terminant en poursuiteur sur le vélodrome Victor-Lefèvre. Ce serait son chef d’œuvre.
Carrière faite, Louis Caput devint directeur sportif chez Kamoné puis chez Mercier. « Un meneur d’hommes remarquable », a toujours affirmé Jacques Augendre[2].
© Christophe Penot
Retrouvez chaque mois la suite de cette série de portraits dans La France Cycliste,
le magazine officiel de la Fédération Française de Cyclisme.
Louis Caput en bref
- Né le 23 janvier 1921 à Saint-Maur-des-Fossés. Décédé le 8 février 1985 à Paris.
- Professionnel chez Dilecta (1942 à 1944), Génial Lucifer (1945), Métropole (1946 et 1947), Olympia (1948 à 1950), Dilecta (1951), Deglange puis Gitane (1952 et 1953), Rochet (1954), Vampire (1955), Saint-Raphaël (1956), Essor (1957).
- Principales victoires : Champ. de France 1946 ; Boucles de la Seine 1946 ; Paris-Reims 1946 ; Armagnac-Paris 1946 ; G.P. de Montluçon 1947 ; Paris-Limoges 1948 et 1955 ; Paris-Tours 1948 ; G.P. de L’Écho d’Oran 1949 ; G.P. d’Eibar 1952 ; Tour de Picardie 1953 ; Tour de l’Oise 1956. Une étape dans le Tour de France en 1949 et 1955.
[1]In Collec-Cyclisme n° 59, juillet-août 1989.
[2] Conversation avec l’auteur.
Louis Caput, bon pour le service
Avant de devenir un brillant directeur sportif, il avait bâti un palmarès enviable chez les pros. C’était au temps des Coppi et consorts. Portrait de Louis Caput, l’ancien sprinter parisien…
Raconter Louis Caput, c’est évidemment raconter le cyclisme de Paris, quand Paris était capitale du monde. On veut dire : un centre nerveux, rebelle, d’une puissante créativité intellectuelle. Le Paris de Gide, Claudel, Mauriac, Sartre et Camus ; celui où Pablo Picasso continuait d’inventer chaque matin. Bref, quelque chose qui ressemblait à l’élan des années folles, mais qui fleuraient les années cinquante — période magique, ô combien, dans l’histoire des classiques et des Tours … D’un côté, en effet, on trouvait les Italiens, avec Coppi, Bartali et un terrible coureur, Fiorenzo Magni, lequel tentait d’effacer ses dérives fascistes… Puis, côté suisse, un autre terrible, Ferdi Kubler, et un mystérieux phénomène, Hugo Koblet, futur lauréat du Tour de France 1951. Sans compter plusieurs vedettes encore, dont le solide Rik Van Steenbergen et le Français Louison Bobet que Louis Caput, justement, avait été l’un des premiers à repérer. Car c’est un don que les spécialistes lui reconnaissaient : le coup d’œil ! Une sorte d’instinct lui faisant immédiatement sentir qui serait un super, qui ne le serait pas… Aussi, devant sa glace, s’examinait-il franchement, pesant ses qualités, jugeant ses défauts… Son verdict ? Bon pour le service !
Oui, il tenait la route celui que tout le monde surnommait « P’tit Louis ». Un malentendu, précisons-le, puisqu’il mesurait 1 mètre 72, taille on ne peut plus respectable pour un garçon né en 1921. Ajoutez une tension artérielle de 14,8 et un rythme cardiaque de 48 pulsations par minutes : des indices confirmant que l’on regardait un authentique athlète. D’ailleurs, ne devait-il pas répondre un jour, à Louis Rostollan qui le taquinait : « Mon con ! Avec des coureurs comme toi, j’aurai pu courir jusqu’à cent piges… »[1] Le fait est qu’il courut longtemps : de 1942 à 1957 chez les professionnels, puis de nouveau en 1981, pour décrocher le titre mondial des vétérans ! Parce que Louis Caput, hein ? c’était un mec ! Un titi parisien à la gouaille impayable, s’honorant d’aimer le cyclisme comme peu de champions l’ont aimé. L’erreur serait pourtant de croire qu’il lui sacrifiait tout, à l’exemple d’un Coppi ou d’un Bobet… Non, Caput, lui, ne sacrifiait pas tout. Mais ce qu’il donnait, il le donnait sans tricher, ajoutant une pensée pour un copain et un bon mot pour le public. Ainsi devint-il, de manière très naturelle, une figure populaire souvent associée à Robert Chapatte dans les vélodromes. Certains livres ont conté leurs frasques : la preuve qu’ils ne manquaient ni de sang, ni d’esprit ! Ce fut au point qu’en 1948, Louis Caput écopa d’une suspension pour avoir trop vertement enguirlandé un dirigeant fédéral. Une broutille, en somme, mais qui le priva d’une sélection pour le championnat du monde disputé à Valkenburg, sur un circuit à sa convenance. Y aurait-il créé la surprise ? Peut-être. Il avait des jambes de feu.
On l’a dit : athlétiquement, il tenait la route, ayant commencé à gagner ses premières courses de village à seize ans. Puis il s’était mis au cyclo-cross, avant de s’essayer sur les pistes. En d’autres termes, une formation complète, dont il retira agilité et résistance. Sans parler de sa pointe de vitesse, manifestement liée à son tempérament de vif-argent. N’avait-il pas remporté et le Grand Prix de L’Humanité, et Paris-Ézy, et Paris-Corbeil en 1939 ? Et Paris-Alençon, le Tour de Paris, le Prix du Seine et Marnais, le Prix de la France socialiste deux saisons plus tard… En vertu de quoi, déclaré « meilleur amateur de l’année » en décembre 1941, il décida de franchir le rubicon, trouvant une forme de contrat chez Dilecta, fabricant de cycles berrichon. Bien sûr, un contrat modeste, à l’image des armées françaises du moment ! Mais un contrat quand même, qu’il honora la faim au ventre, raflant des victoires à Auray, Visé, Liège, ainsi que dans une étape au Circuit de France et au Circuit du Midi en 1942. Puis il persévéra : trois nouvelles victoires en 1943, le Prix Goullet-Fogler, avec Émile Ignat, en 1944, Paris-Alençon et le Grand Prix de Dinard l’année suivante. À la Libération, comme tous ceux de sa génération, Louis Caput piaffait d’impatience…
Il signa en 1946 pour Métropole, équipe pléthorique où se pressaient, sous un joli maillot vert et jaune, Éloi Tassin et Louis Thiétard, deux grognards, les frères Géminiani, Angelo et Raphaël, André Mahé, Pierre Cogan, le Belge Stan Ockers, le grimpeur Pierre Brambilla. Des ambitieux, à l’évidence, dont Louis Caput prit la mesure en s’imposant dans les Boucles de la Seine, Armagnac-Paris (avec Tassin), Paris-Reims et dans le championnat de France calculé aux points. Ce qui revient à écrire que le Parisien s’offrait le luxe, en 1946, de faire jouer La Marseillaise… Un symbole particulièrement bienvenu à l’heure où le cyclisme entier basculait sous le joug italien.
Il y aurait d’autres beaux jours, et d’autres vivats. Pour le meilleur, nous soulignerons que Louis Caput disputa le Tour de France à neuf reprises, y gagnant deux étapes, à San Sebastian en 1949 et à Narbonne, en 1955. De même, il accrocha sur ses tablettes des rendez-vous réputés, le Grand Prix de Montluçon 1947, Paris-Limoges 1948, le Grand Prix de L’Écho d’Oran 1949, le Tour des Pays Basques 1952, le Tour de Picardie 1953, Paris-Limoges une seconde fois en 1955, le Tour de l’Oise 1956, des étapes ici ou là. Mais rien ne valait, à ses yeux, son succès dans Paris-Tours 1948, scellé à la moyenne record de 43,096 kilomètres/heure. D’abord, il l’avait construit de longue main, ayant mené une échappée collective pour surprendre Brick Schotte, le favori. Puis, tout rapide qu’il fût, il avait anticipé le sprint, terminant en poursuiteur sur le vélodrome Victor-Lefèvre. Ce serait son chef d’œuvre.
Carrière faite, Louis Caput devint directeur sportif chez Kamoné puis chez Mercier. « Un meneur d’hommes remarquable », a toujours affirmé Jacques Augendre[2].
© Christophe Penot
Retrouvez chaque mois la suite de cette série de portraits dans La France Cycliste,
le magazine officiel de la Fédération Française de Cyclisme.
Louis Caput en bref
- Né le 23 janvier 1921 à Saint-Maur-des-Fossés. Décédé le 8 février 1985 à Paris.
- Professionnel chez Dilecta (1942 à 1944), Génial Lucifer (1945), Métropole (1946 et 1947), Olympia (1948 à 1950), Dilecta (1951), Deglange puis Gitane (1952 et 1953), Rochet (1954), Vampire (1955), Saint-Raphaël (1956), Essor (1957).
- Principales victoires : Champ. de France 1946 ; Boucles de la Seine 1946 ; Paris-Reims 1946 ; Armagnac-Paris 1946 ; G.P. de Montluçon 1947 ; Paris-Limoges 1948 et 1955 ; Paris-Tours 1948 ; G.P. de L’Écho d’Oran 1949 ; G.P. d’Eibar 1952 ; Tour de Picardie 1953 ; Tour de l’Oise 1956. Une étape dans le Tour de France en 1949 et 1955.
[1]In Collec-Cyclisme n° 59, juillet-août 1989.
[2] Conversation avec l’auteur.
Hommage à Pascal Hervé 1964-2024
Suite au décès de Pascal Hervé, L'UNCP se joint avec tristesse à la douleur de sa famille et de ses proches et exprime les sincères condoléances de ses amis coureurs.
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